Möbius Band jouait la centième représentation de sa pièce à l’Atelier à spectacle, aujourd’hui 26 mars 2019. « Mon frère, Ma princesse » a été écrit en 2012 par Catherine Zambon  édité L’école des loisirs) pour le jeune public (primaires-collégiens) et la pièce a reçu le prix Collidram et le Prix Armand Gatti 2013.

Dans cette histoire, Alyan est un petit garçon de 5 ans. Pourtant il aimerait être comme sa sœur, une fée, avoir des cheveux longs et des vêtements roses. Sa mère, très occupé par son métier de médecin, s’inquiète. Son père, chercheur qui doit bientôt passer un examen, ne voit rien. A l’école, on l’insulte, on se moque de lui. Il essaie de s’échapper en faisant de la magie, mais ça ne marche pas toujours. Seule sa sœur Nina est consciente de son chagrin. Elle est décidée à le défendre envers et contre tous. Mais a son tour, elle est moquée et frappée. Comment faire prendre conscience de la méchanceté ? Elle décide de s’enfuir, fatiguée, et se réfugie dans les mots, la poésie…

Pour les petits spectateurs dans la salle, ils avaient sous les yeux des situations que l’on peut vivre à l’école : le harcèlement, la différence, les violences verbale et physique, les préjugés sexistes, l’humiliation … mais aussi à la maison : dispute parentale, dialogue difficile, « métro, boulot, dodo » et la place de l’enfant… Pour les adultes, ce spectacle était aussi un miroir de notre société, de ce qui peut se passer dans une cour d’école et parfois un souvenir de la période du collège. Mobius Band a su amener et désamorcer les problèmes avec beaucoup d’humour et de poésie.

A partir d’un texte de Catherine Zambon et à travers une mise en scène précise d’Emilie Le Roux, cette pièce est un moment intense en émotions, une ouverture au dialogue, un coup de pied dans la fourmilière.

L’intention de la metteure en scène en créant « Mon frère, Ma Princesse » était de : « permettre la discussion sur la question du genre et de l’identité : en quoi naître fille ou naître garçon nous détermine à être ce que nous sommes ? Quelle liberté avons-nous réellement à nous définir et à nous sentir fille ou garçon avec chacun notre part de féminité et de masculinité ? Et quelle liberté laissons-nous aux autres d’affirmer une identité qui n’est pas celle que la nature semble leur avoir confiée ? Comment les normes sociales, familiales et culturelles que nous avons intégrées conditionnent notre capacité à accepter l’Autre dans sa différence ?

Ces derniers temps, nous n’avons pas su affronter ces questions sans heurt. La violence que crée ce débat révèle à quel point ces normes restent profondément intégrées. Comme tout débat éthique, celui-ci est souvent stérile. Faute d’un vécu commun qui nous permettrait de débattre, nous ne parvenons plus à avancer collectivement sur cette question. Le texte de Catherine Zambon crée un passage par le sensible : nous accompagnons Alyan dans ses incertitudes, nous nous mettons à la place de ses parents, nous mesurons le courage de sa sœur. Mon frère, ma princesse a la force des textes qui posent les grandes questions, ceux qui permettent enfin de reprendre la discussion. »

C’est un magnifique spectacle, intense, fort, sans mélodrame et réaliste sur ces questions sociétales. Les mots de Catherine Zambon sont juste. La musique créé et jouée en direct par Matthieu Desbordes était un vrai partenaire de jeu pour Émilie Beauvais, Mikaël Teyssié.

Le mot de la fin revient à une maman qui accompagnait la classe cm2 de Marville-Moutier-Brûler : « Cette pièce devrait être jouée dans toutes les écoles !  »

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