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Luc Amoros a entendu dire que lors de l’un de ses séjours aux Marquises, Paul Gauguin eut l’idée de peindre à même la carapace d’une jeune tortue vivante, égarée sur une plage. Il s’est plu à penser que grâce à la longévité dont jouit cette espèce, une œuvre du peintre continue, aujourd’hui encore, de sillonner les grands fonds dans son petit musée ambulant…
Dans La Tortue de Gauguin, un musicien et une récitante occupent le premier niveau d’une impressionnante structure métallique et, aux étages supérieurs, six peintres s’activent derrière des toiles transparentes. Chacune des toiles ne représente qu’une partie de la grande image offerte, et c’est sans jamais rien voir du travail de ses pairs que chaque peintre contribue à l’œuvre collective. Ce ballet est un bouillonnement de sons et de couleurs.
« Un show de peinture bluffant » – OUEST-FRANCE – 2019
Dans la peinture, l’acte est aussi important que l’œuvre ?
Oui, Ce n’est pas la première fois que l’on en fait notre profession de foi. C’est le troisième volet d’une trilogie qui a dix ans. Nous souhaitons affirmer de notre côté que le geste de l’artiste peut rajouter du sens à l’œuvre peinte elle-même. Pour le public, la vision du peintre en action ne peut pas se faire au quotidien, on profite de notre statut de compagnie de spectacle vivant pour pouvoir le montrer.
Votre dispositif scénique est monumental…
Il provient de notre inscription depuis une vingtaine d’années dans le spectacle de rue. L’idée de départ était d’utiliser un mobilier urbain familier : un échafaudage de ravalement de façade, dans le but de rapprocher les disciplines, de faire descendre de son piédestal la peinture de création par rapport à la peinture artisanale. Le jour, ce mobilier urbain passe inaperçu et, à la nuit tombée, nous commençons à réenchanter ce lieu banal. Au départ, pendant les premières tournées, il y a dix ans, on appliquait l’échafaudage à des bâtiments. Aujourd’hui on peut le placer dans d’autres lieux. Nous avons créé ce spectacle à Villeneuve-les-Avignons.
Comment avez-vous choisi les œuvres présentées ?
Je pars généralement de chroniques. Depuis le départ, il ne s’agit pas de spectacle linéaire, plutôt des chapitres. La Tortue de Gauguin compte sept chapitres, c’est comme un album de chansons, ou un recueil de poèmes. Ils ont réuni pour leur thématique. Dans celui-ci, je rends hommage à des artistes un peu ignorés, qui sont entre l’artisan et l’artiste : des graveurs, des artisans brésiliens… Je crois que l’art peut échapper à la solennité des musées et à la spéculation des galeries. Nous essayons de le faire le plus agréablement possible.
Avez-vous écrit les textes en pensant au spectacle ?
Les textes sont déjà écrits, puis sont choisis pour participer au spectacle. La peinture et la musique sont un accompagnement de ces textes. Ce sont des chroniques très courtes, que j’ai écrites en diverses occasions, pas spécifiquement pour le spectacle. Elles ont souvent trait à ce qui me préoccupe, dont ce rapport entre l’art et le public. Les arts de la rue en particulier. Ça a été un souhait de descendre dans la rue. On y trouve un public qui va au théâtre, mais aussi, beaucoup de gens qui ne vont pas au théâtre, ni dans les galeries ou les musées. C’est une démocratisation de la culture qui se fait au quotidien, par des chocs d’émotion. Nous, nous aimons les deux types de public, le plus cultivé et le moins cultivé.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette tortue peinte par Gauguin ?
Le côté poétique de cette œuvre. D’abord j’aime beaucoup Gauguin. Mais ce qui a motivé le fait de le choisir comme titre, c’est ce fait qu’une œuvre puisse échapper au spéculateur. Pour nous, la spéculation est le plus grand scandale de l’art, alors que l’art est une nourriture indispensable. Étant donnée la longévité des tortues, il est intéressant de se dire qu’une œuvre de Gauguin, un des peintres qui se vend le mieux sur le marché de l’art, est en libre circulation quelque part, hors de toute spéculation.
Texte et mise en scène : Luc Amoros
Musique : Alexis Thépot
Chorégraphie : Eric Lutz
Costume : Pauline Kocher
Artistes interprètes : Léa Noygues / Lou Amoros-Augustin / Brigitte Gonzalez / Suzanne Berelowitch / Thomas Rebischung / Sylvie Eder / Emmanuel Perez / Ignacio Plaza Ponce
Direction technique : Vincent Frossard
Lumière : Vincent Frossard
Son : Thomas Kaiser
Régie plateau : Nicolas Jaeck
Production : Compagnie Lucamoros
Partenaires : Le Fourneau, Centre National des Arts de la Rue (Brest) ; Atelier 231, Centre National des Arts de la Rue à Sotteville-lès-Rouen ; Le Parapluie, Centre international de création artistique à Aurillac
Aide à la création : Le Moulin Fondu, Centre National des Arts de la Rue et de l’Espace Public (CNAREP) ; Les Ateliers Frappaz, Centre National des Arts de la Rue et dans l’espace public, Villeurbanne ; Cadhame, collectif de la Halle Verrière de Meisenthal avec le soutien du Conseil Départemental de la Moselle (57)
Avec l’aide de : La DGCA – collège arts de la rue ; l’Adami ; LA SPEDIDAM ; Fonds SACD Musique de Scène
La Compagnie Lucamoros est en convention avec le Ministère de la Culture et de la communication- DRAC Grand Est, et régulièrement soutenue par le Conseil Régional Grand Est ainsi que le Conseil Départemental du Bas-Rhin.
Crédit photo : DR
La Tortue de Gauguin est le dernier volet du triptyque entamé avec Page blanche (2009) puis Quatre soleils (2013).
La compagnie c’est avant tout une affaire d’images, née d’une fascination originelle pour les ombres, leur fantastique pouvoir d’évocation ; une affaire de transparence aussi, une affaire de présence et d’absence à la fois ; une affaire d’écrans jetés entre les visiteurs et la compagnie, écrans dont chacun sait qu’ils cachent tout autant qu’ils révèlent. Les écrans n’ont-t-ils pas eux-mêmes l’épaisseur d’une image…l’épaisseur de la peau, l’épaisseur d’une ombre enfin ?
Les artistes membres de la compagnie dessinent ainsi à grands coups d’ombres, de pinceaux ou de caméras, les franges d’un théâtre insolite, un théâtre d’illusions fabriquées en direct et à vue, entre bricolage et technologie fine, où se jouent arts plastiques, musique et textes, intimement mêlés.
Spectacle après spectacle, elle poursuive, sur scène, l’exploration du vaste monde des images, afin de percer, tous les jours un peu plus, le mystère de l’irrésistible fascination des hommes pour l’image en mouvement.